Article N° 8166
SÉMAGLITUDE
Sémaglutide : un signal de sécurité psychiatrique à surveiller
Abderrahim Derraji - 19 août 2025 17:27Une vaste étude de pharmacovigilance a mis en évidence un signal préoccupant lié au sémaglutide (Azempic®, Wegovy® et Rybelsus®), un agoniste des récepteurs du GLP-1 (AR GLP-1) largement utilisé contre le diabète et l’obésité. Contrairement au liraglutide et au tirzépatide, ce médicament présente une association statistiquement significative avec des troubles dépressifs, selon les analyses issues des bases de données de la FDA (FAERS) et de l’OMS (VigiBase) jusqu’en décembre 2024.
L’étude a appliqué des analyses de disproportionnalité révélant que la dépression était rapportée de manière disproportionnée uniquement avec le sémaglutide. Le signal est apparu plus marqué chez les femmes et dans les déclarations émanant de professionnels de santé. Aucune interaction médicamenteuse significative n’a cependant été retrouvée avec les psychotropes.
Ces résultats contrastent avec les effets protecteurs parfois attribués aux AR GLP-1 dans la littérature. Ils suggèrent que la surveillance doit être centrée sur chaque molécule et non sur la classe entière. La question est d’autant plus cruciale que le diabète (537 millions d’adultes touchés) et l’obésité (plus de 650 millions de cas) sont souvent associés à la dépression, créant un cercle vicieux où les troubles métaboliques et psychiatriques s’aggravent mutuellement.
Cependant, les limites de l’étude doivent être soulignées : biais de déclaration, données incomplètes, différences d’ancienneté de commercialisation entre molécules, et surtout un biais lié à l’attention médiatique récente autour du sémaglutide.
Les auteurs insistent sur la nécessité de mener des études prospectives à long terme intégrant une évaluation psychiatrique active, car les essais cliniques contrôlés excluent généralement les patients souffrant de troubles psychiatriques.
En conclusion, si les AR GLP-1 demeurent une avancée thérapeutique majeure, le sémaglutide requiert une vigilance accrue quant à son impact neuropsychiatrique.
Source : Univadis